Association pour la protection et la mise en valeur de Calvisson et de la Vaunage
13 Décembre 2021
• Conception Réalisation Maquette: APROMICAV (Association pour la protection et la mise en valeur de Calvisson et de la Vaunage) rédaction: AYGLON N., coordination: Cabanis A., Castan J .
• Références et documentations : La Marseillaise, le Méridional, Midi Libre, Le Monde, le Provençal. Archives et documents privés. Photos obligeamment prêtées par les photographes professionnels et amateurs.
Photos couleurs (couvertures) et illustrations Henry Ayglon. Imprimerie ICHTHUS. Imprimé janvier 1990. Reproduction interdite.
Du solstice d'hiver à l’équinoxe de printemps s'ouvre un temps de fêtes: Noël Jour de l'An, Chandeleur. ..
Carnaval, fête mobile, s'inscrit dans le calendrier lunaire quarante jours avant Pâques. Lorsque son nom circule au Xème siècle en Europe, il ne définit qu'une période de l'année. C'est beaucoup plus tard qu'il deviendra le symbole d'une fête accompagnée de jeux rituels. Son origine suscite encore de nos jours autant de controverses : fête païenne ? romaine ? Indo-européenne ? fête pour exorciser les vieux démons ou fête tout simplement conviviale ?
Son histoire est liée aux structures de la Société qui l'accueille. Tantôt favorisé et adulé, il peut être banni des rues comme en 1791 : peur des débordements ? Peur des masques associés au thème du complot ? de "ce complot aristocratique" qui hante les angoisses révolutionnaires ! Il se maintient pourtant, dépérit et renaît sans cesse dans son interminable traversée du temps.
En ce mois de mars 1893 et comme chaque année depuis fort longtemps, Carnaval revient dans Calvisson en liesse instaurer un éphémère domaine d'abondance avant de disparaître pour laisser place au jeûne du Carême.
" Caramentran » balloté sur l'échine rugueuse d'un âne, parcourt les rues du village escorté d'une population bruyante et colorée. La cavalcade revêt un éclat exceptionnel tant par le nombre des chars que par la richesse et la somptuosité des travestis. Tous les habitants de la région semblent s'être donné rendez-vous dans le bourg: l'animation y est grande, la jeunesse ardente et la clairette ... exquise !
Ces très riches heures de Carnaval en Calvisson seront hélas les dernières manifestations publiques de cette fête traditionnelle avant qu'elle ne sombre dans une très longue période d'oubli.
« Caramentran » ne mourra plus d'une salve de mousquet avant d'être noyé dans les eaux déjà rares, (sinon turbulentes) de la « Cagaraulo ». du Rhôny, ou dans celles encore plus incertaines du « Creux du Chaffre ».
« Adieu paure Carnaval. Tu t’en vas e ieu demore !»
Les deux conflits qui ébranlent la raison et l'équilibre de l'Europe en cette première moitié du XXème siècle, se disputent la palme de l'horreur et de la souffrance. Au lendemain de tant d'épreuves cruelles, les hommes qui se sont battus pour vivre libres vont devoir réapprendre à vivre heureux.
Fêtes, cavalcades et charivaris se multiplient. Le corso fleuri proche et élégant parent de Carnaval étale son faste dans plusieurs gros bourgs voisins.
Dès 1953, quelques Calvissonnais passionnés, se prennent à rêver d'une grande fête à l'image des cavalcades d'autrefois. Ils la souhaitent joyeuse et superbe, généreuse et légère comme le soleil et l'ombre de chez nous !
Avec l'hiver qui suit, le songe devient réalité et le village, s'il conserve extérieurement son apparence de calme, est atteint en fait d'une fébrile activité, perceptible au-delà des portails et des portes qui s'entre baillent et se referment aussitôt.
Femmes et enfants au cours des longues soirées et veillées font naître de leurs mains habiles des milliers de roses en papier ; les hommes s'activent dans le froid humide des" remises" autour des carcasses qui concrétiseront bientôt leur art et leur créativité. Il faut bien dire pour être tout à fait objectif, qu'une poignée de « reboussiés ». entre deux parties de belote bruyantes et enfumées, prophétisent l'échec de cette" mascarade" mais personne ne les entend et surtout ne leur ajoute foi.
L'excitation grandit au fur et à mesure que le temps passe. Une pointe d'anxiété vient troubler les esprits : fera-t-il beau ? y aura-t-il du monde ?
La première sortie du Corso, en mars 1954, déchaine un enthousiasme que les plus optimistes n'auraient jamais oser pronostiquer. C'est le point de départ d'une incroyable et étonnante aventure.
Sans que son succès ne se démente jamais, le Corso va permettre à des milliers de spectateurs stupéfaits et conquis d'assister chaque année dans la capitale de la Vau nage, à l'une des plus grandes et somptueuses fêtes que la région puisse offrir.
Calvisson, comme tous les villages et villes de France vit avec une profonde sensibilité, ce qui va devenir le mythe des années 60 et ce n'est pas par le seul fait du hasard que le Corso choisit cette décennie là pour entrer dans la légende des très grands évènements régionaux.
Certes, une très longue interruption, de 1967 à 1987, prive le village d'un de ses plus beaux fleurons touristiques et culturels, mais le Corso qui renaît en 1987 retrouve spontanément son faste : le poids et l'incertitude des ans ne semblent avoir aucune influence fâcheuse sur sa féérie et sa séduction.
Bon nombre, hélas, de ceux qui se sont pleinement investis pour assurer sa pérennité ont aujourd'hui disparu. Puisse cette modeste brochure contribuer à maintenir leur souvenir.
« Adieux paures amies, vous autres siatz partits mai vôstra ôbra demôre ! »
Désormais, les moulins du Roc de Gachonne, du haut de leur site remarquable et privilégié ne sont plus seuls à servir de point de ralliement.
Chaque nouveau printemps, en même temps qu'il fait refleurir lilas et iris, draine vers Calvisson une foule d'amis fidèles ou nouveaux, animés d'un même enthousiasme et guidés par un commun désir :
« Ensemble VIVRE LE CORSO »
Henry Ayglon
Renouant avec la tradition des grandes festivités Carnavalesques, le corso de Calvisson connait depuis 1954 un succès prodigieux. Honneur aux initiateurs (Géminard R., Lévéque PI., Valy J.J, aux organisateurs, aux associations, à la population, à la municipalité et à son premier magistrat (pour leur indéfectible soutien) aux fanfares et autres sociétés musicales pour leurs animations.