Association pour la protection et la mise en valeur de Calvisson et de la Vaunage

APROMICAV CALVISSON

GUILLAUME DE NOGARET

SEIGNEUR DE CALVISSON

GUILLAUME DE NOGARET

 

Guillaume (ou Guilhem) de NOGARET voit le jour à Saint-­Félix de Lauragais, petit village proche de Toulouse, aux alentours de 1260 mais on ne possède que fort peu de renseignements sur l'enfance et la jeunesse de NOGARET. L'on sait cependant que son grand-père, fut condamné comme hérétique lors de la Croisade des Albigeois (ce qui explique peut-être son opposition farouche à la papauté). On sait aussi qu'il étudia le droit à l'université de Montpellier et qu'en 1287 il y enseigna le droit romain. Ainsi pendant quelques années Nogaret partage sa vie entre ses fonctions de professeur et des activités de conseil juridique souvent en faveur de personnages importants (Évêque de Maguelonne, Roi de Majorque et même le Roi de France).

 

Château de Marsillargues résidence des Nogaret  -  Philippe Le BelChâteau de Marsillargues résidence des Nogaret  -  Philippe Le Bel

Château de Marsillargues résidence des Nogaret - Philippe Le Bel

 

Ainsi dès le 7 mars 1303 il reçoit un message codé de la chancellerie royale lui ordonnant de « se rendre en un certain lieu et d'y faire avec telles personnes ce qui leur semblait bon d'y faire ». Le 12 mars, du Louvre, Guillaume de NOGARET dénonce dans un célèbre discours les « crimes » de BONIFACE VIII, lance une très violente série d'accusations contre Boniface VIII et réclame la convocation d'un concile pour statuer sur son cas.

 

Lettre de Guillaume de Nogaret à Étienne de Suisy, où il l'informe de son prochain départ pour l'Italie, mars 1303. Archives nationales

Lettre de Guillaume de Nogaret à Étienne de Suisy, où il l'informe de son prochain départ pour l'Italie, mars 1303. Archives nationales

 

Aussitôt après, NOGARET part en Italie, engage des aventuriers ennemis des GAETANI (famille de Boniface VIII) dont Sciarra COLONNA qui l'accompagne jusqu'à Anagni où se trouve le Pape. Là, le 7 septembre NOGARET et COLONNA avec leur petite armée d'environ 1600 hommes s'emparent de la ville et font prisonnier le Pape. L'entrevue entre les trois hommes est houleuse et selon la légende NOGARET soufflette le Pape. Or cette légende est fausse car s'il est vrai que Sciarra COLONNA souhaite tuer le Pape, NOGARET s'y oppose car son but est de ramener en France BONIFACE VIII vivant afin qu'il y soit déposé.

 

Attentat d'Anagni

Attentat d'Anagni

 

Mais tout ne se passe pas comme prévu. Le 9 septembre, la population d'Anagni se soulève et oblige NOGARET, COLONNA et leur troupe à prendre la fuite. BONIFACE VIII est libéré sain et sauf mais sa mort un mois plus tard à Rome (le 11 octobre) sauve la mission de Nogaret. A son retour en France Guillaume de NOGARET est remercié chaleureusement par PHILIPPE IV qui lui attribue de nombreuses terres (dont Calvisson avec son château) ainsi qu'une grosse somme d'argent.

 

Château de Nogaret à Calvisson - Traces du rempart

Château de Nogaret à Calvisson - Traces du rempart

Le rempart en ruine

Le rempart en ruine

 

Peu après Anagni, le Roi PHILIPPE IV envoie NOGARET en ambassade auprès du nouveau Pape, le timide BENOÎT XI, afin d'obtenir l'absolution pour l'ensemble des participants à la querelle avec BONIFACE VIII. BENOÎT XI refuse de voir NOGARET et l'exclut de l'absolution générale qu'il accorde cependant à PHILIPPE IV le 12 mai 1304.

Le 22 septembre 1307, Guillaume de NOGARET est élevé par le Roi PHILIPPE IV à la dignité de Garde du sceau royal. Ses talents sont immédiatement utilisés dans « l'affaire des Templiers ». En effet c'est en septembre 1307 que le Roi expédie des lettres pour l'arrestation de tous les membres de l'Ordre du Temple et la nomination, le même mois, de NOGARET comme Garde du sceau n'est pas une simple coïncidence.

Du début à la fin de cette affaire on retrouve NOGARET. C'est probablement lui qui a rédigé l'ordre d'arrestation, lui encore qui se porte grand accusateur des "crimes" de l'Ordre, lui toujours qui, le 13 octobre 1307, arrête les Templiers de Paris dont le grand-maître Jacques de MOLAY.

Le procès relève essentiellement de l'Inquisition puisque les Templiers sont des moines­ soldats et NOGARET, en tant que laïque, n'a pas à intervenir. Cependant on le voit sans cesse jouer le rôle d'accusateur et souvent il assiste illégalement aux débats pour intimider ou gagner des témoins.

 

Jacques de Molay - Les tortures - La malédiction du Grand MaîtreJacques de Molay - Les tortures - La malédiction du Grand Maître
Jacques de Molay - Les tortures - La malédiction du Grand Maître

Jacques de Molay - Les tortures - La malédiction du Grand Maître

 

On connait la triste fin des Templiers. Les uns entrent dans des couvents, d'autres prennent femme et métier manuel et quelques-uns sont brûlés. Quant au grand maître, Jacques de MOLAY, il est brûlé vif à Paris le 12 mai 1314. Or Guillaume de NOGARET est décédé depuis le mois d'avril 1313. Le rapprochement de ces deux dates rend donc anachronique, la malédiction, que selon Maurice DRUON, Jacques de MOLAY aurait proclamé du haut de son bucher : « Pape Clément ! ... Chevalier Guillaume ! ... Roi Philippe ! ... Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu ... ».  

En Février 1310 : NOGARET avait échangé sa maison de Montpellier contre la  « grange de Livières » près de Calvisson. Il était ainsi devenu le principal Seigneur de toute la campagne qui s'étend depuis Nîmes jusqu'à la mer et au cours inférieur du Vidourle.

 

Les LivièresLes Livières
Les LivièresLes Livières

Les Livières

 

Signalons enfin que NOGARET avait obtenu le 27 avril 1311 des mains du nouveau Pape CLÉMENT V, d'origine française, deux ans seulement avant son décès, l'absolution pour l'attentat d'Anagni. En échange, il devait en signe de repentance partir pour la prochaine croisade et se rendre dans divers lieux de pèlerinage tant en France qu'en Espagne. Mais il ne le fit jamais.

Pour terminer, concernant les descendants de Guillaume de NOGARET, voici trois anecdotes qui ne manquent ni d'intérêt ni de piquant.

Tout d'abord, signalons que RAYMOND Il de NOGARET, petit-fils de Guillaume, épousa en secondes noces Marie de BEAUFORT, sœur de Pierre ROGER, élu Pape sous le nom de GRÉGOIRE XI. Ainsi le petit-fils de ce Guillaume qui fut l'un des plus grands ennemis de la tiare, était devenu le beau-frère du Pape. Curieux retour de l'histoire.

 

Ensuite dans la chapelle située à gauche dans le chœur de l'église de Marsillargues nous trouvons de nos jours une plaque avec l'inscription suivante:

- 7 septembre - Messe annuelle d'expiation en réparation de l'attentat sacrilège commis par Guillaume de Nogaret sur la personne du pape Boniface VIII à Anagni le 7 septembre 1303. Les deux dernières descendantes prosternées aux pieds du pape Pie IX le 21 avril 1875 ont reçu de sa bouche des paroles de pardon avec sa bénédiction apostolique.

 

Les deux dernières descendantes embrassèrent ensuite la vie religieuse : l'une entra au Carmel et l'autre devint religieuse du Sacré-Cœur. Encore un clin d'œil de l'Histoire.

Enfin, pour terminer, rappelons qu'un article de l'Express du 13 février 2000, signale que le Ministère de l'Education Nationale avait l'intention d'appeler la Bibliothèque de la Faculté de Droit de Montpellier du nom de Guillaume de NOGARET. Mais ce projet fut abandonné car la hiérarchie catholique fit savoir que ce choix serait une insulte au Souverain Pontife JEAN-PAUL II puisque Guillaume de NOGARET avait giflé le Pape BONIFACE VIII. Le Ministère de l'Education Nationale céda et la Bibliothèque fut consacrée à Guillaume de PLAISIANS. Ainsi donc une offense vieille de sept siècles et qui selon les historiens les plus sérieux n'a jamais eu lieu ternie encore la mémoire de NOGARET.

 

Descendance de Guillaume de Nogaret

Descendance de Guillaume de Nogaret

 

En rapprochant ces deux dernières anecdotes nous constatons que si l'Eglise catholique sait accorder son pardon elle a beaucoup plus de difficulté à oublier ses rancœurs.

Et cela aurait très probablement bien fait sourire notre Guillaume de NOGARET.

En Avril 1313, il meurt à Paris. C'est son fils cadet GUILLAUME II qui hérite de la Seigneurie de Manduel.

Le 28 Mai : les Consuls de Nîmes déposent une plainte accusant NOGARET d'avoir empiété sur les droits du roi et gravement lésé leurs privilèges par les nouvelles coutumes qu'il levait dans sa baronnie de Manduel.

Le fils aîné de Guillaume de NOGARET, RAYMOND Ier, a souvent auprès de lui, à Marsillargues, Thomas de NOGARET, chanoine à Saint-Félix , et noble Guillaume de NOGARET, chevalier de Saint-Félix au diocèse de Toulouse. Son petit-fils, RAYMOND II, réclame en 1353 l'héritage de ce dernier comme étant son plus proche parent mâle.

                                                                                                              Jean-Paul ROUSSEL

                                                                                Relecture  Lysiane et Christian Letellier

Partager cet article

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article