Association pour la protection et la mise en valeur de Calvisson et de la Vaunage
7 Décembre 2023
1702
- Septembre
Un premier engagement a lieu à Champdomergue, d'où la petite troupe de Gédéon LAPORTE, avec 👉 Jean CAVALIER, se sort à moindre mal, face aux soldats de POUL (11 septembre).
- Octobre
Alors que CAVALIER est retourné vers Anduze, Gédéon LAPORTE trouve la mort au cours d'un combat au-dessus de Sainte-Croix (22 octobre). POUL fait exposer sa tête sur le pont d'Anduze, en guise d'avertissement aux insurgés et à leurs soutiens.
- Novembre
À Aigues-Vives, Cavalier et sa troupe tiennent par deux fois une grande assemblée sur la place publique (15 et 17 novembre). L’intendant en personne fait procéder à des arrestations, pendaisons, envois aux galères, mais Cavalier, lui est remonté vers les montagnes, attaquant le château de Mandajors.
- Décembre
Ensemble Cavalier et Roland incendient une série d’églises et tuent prêtres et dénonciateurs (à Générargues, à Mialet…). Au mas de Cauvi, Cavalier avec 60 hommes met en déroute plus de 700 hommes de la milice bourgeoise d’Alès (24 décembre), et trois jours plus tard entre à Sauve avec Roland.
- Novembre
À Aigues-Vives, Cavalier et sa troupe tiennent par deux fois une grande assemblée sur la place publique (15 et 17 novembre). L’intendant en personne fait procéder à des arrestations, pendaisons, envois aux galères, mais Cavalier, lui est remonté vers les montagnes, attaquant le château de Mandajors.
- Décembre
Ensemble Cavalier et Roland incendient une série d’églises et tuent prêtres et dénonciateurs (à Générargues, à Mialet…). Au mas de Cauvi, Cavalier avec 60 hommes met en déroute plus de 700 hommes de la milice bourgeoise d’Alès (24 décembre), et trois jours plus tard entre à Sauve avec Roland.
- Janvier. Ayant reçu mission d’« éplucher » les paroisses de la Vallée Borgne et du pays de Valleraugue, le brigadier PLANQUE procède à des rafles et des exécutions sommaires et laisse quartier libre aux soldats pour piller et tuer. Les Cadets de la Croix en profitent et se déchaînent.
Pendant ce temps, ROLAND attaque une centaine de fusiliers au Pont-de-Vallongue et se saisit d'armes et de munitions (18 janvier). Dans le plat pays, Cavalier multiplie les attaques, s'empare des armes, des munitions, de l'or laissés par les fuyards et les morts, intercepte les convois de fourrage, de farine, de haricots, fait tuer les « collabos » et incendier leurs fermes.
- Février
Le Vivarais tente de se soulever à nouveau, déclenchant une très dure répression. En Camargue, CATINAT sème la terreur avec sa troupe de 80 camisards montés à deux sur des chevaux, filant jusqu'à Beaucaire, avant de rejoindre CAVALIER.
- Mars
Poursuivi depuis Saint-Chaptes par un bataillon de 400 soldats de la marine (les meilleurs, disait-on) et 60 dragons, CAVALIER livre combat à Martignargues (non loin de Vézenobre) : les camisards remportent là une victoire qui fait grand bruit et leur assure « un gros butin d'armes comme fusils, baïonnettes, munitions de guerre, habits et quantité d'argent » (14 mars). À la Cour, décision est prise de renvoyer le maréchal de MONTREVEL, et de le remplacer par le meilleur chef militaire du moment, le maréchal de VILLARS.
Victoire des Camisards commandés par Jean Cavalier sur les troupes du roi Louis XIV sous le commandement du Marquis de la Jonquière. Les troupes de ce dernier se font massacrer mais le Jonquière réussit à s’échapper. Les troupes de Lalande arrivent en renfort sur le champs de bataille où gisent entre 500 et 600 morts et d’innombrables blessés. Mais Cavalier était déjà parti vers Nages et Caveirac. Après 3 jours de recherche Lalande ne le trouva pas. Il n’y eu que 3 hommes tués et 12 blessés parmi les troupes de Cavalier.
- Avril
Dans les paroisses de Branoux et Saint-Paul-la-Coste, dont les habitants N.C., suspects d'aide aux rebelles, refusaient de déguerpir, les troupes royales avec les milices catholiques brûlent hameaux et mas et égorgent près de 150 paysans.
Avant son départ, MONTREVEL s'assure un coup d'éclat : faisant converger 3000 soldats de Nîmes, Lunel et Sommières, il réussit à encercler et battre à Nages CAVALIER avec un millier d'hommes (16 avril). Les restes de la troupe camisarde remontent vers le nord pour se réfugier dans les bois d'Euzet. Ils y sont poursuivis par les miquelets. Pire, la caverne où étaient stockés vivres, munitions et pharmacie des troupes de CAVALIER est découverte et prise (19 avril). Pour CAVALIER la perte est irréparable, venant après la défaite. Quand VILLARS arrive, le 21 avril, bien décidé à changer de méthode pour en finir avec les rebelles (y compris avec les camisards blancs), CAVALIER paraît mûr pour négocier l’armistice. Dès le 30 avril, il écrit au maréchal VILLARS, demandant la liberté de conscience et la libération des prisonniers et galériens.
Du Désert, ce dernier avril 1704
Monseigneur, Ayant appris que vous n'étiez pas informé de notre demande, quoique plusieurs fois nous en avons donné avis à la Cour, mais nous craignons que ces avis ont été cachés à Sa Majesté et à votre Grandeur, j'ai voulu mettre derechef la main à la plume pour vous supplier d'accepter cette demande, pour le bien et la prospérité du Royaume, qui est la liberté de notre conscience et la délivrance des prisonniers et de tant de galériens qui souffrent injustement pour avoir voulu soutenir la Vérité.
Aussi nous sommes massacrés pour prier Dieu, comme si c'était une chose mauvaise de servir Dieu selon la pureté de son Évangile, ou comme si nous eussions voulu contredire à l’État, mais au contraire nous avons exécuté toutes les commissions que de fidèles sujets puissent faire. Après cela nous avons toujours imploré sa bonté, mais les ministres de l'Église romaine ont toujours imploré sa colère à l'encontre de nous afin de détruire la vérité, quoique souvent nous avons supplié Sa Majesté ou ses sujets, de nous laisser sortir du Royaume ou de nous laisser assembler dans le désert, mais on ne nous l'a jamais voulu accorder, bien au contraire. On a pillé nos biens, démoli nos maisons, on nous a exposés aux souffrances les plus cruelles du monde et, voyant cela, nous nous sommes assemblés, non point pour résister à Sa Majesté, mais pour nous défendre contre ceux qui ont voulu nous empêcher de prier Dieu.
Sa Majesté nous permettra de dire que, si on ne nous accorde cette demande, nous souffrirons plutôt toutes les souffrances qu'il plaira à Sa Majesté de verser sur nous plutôt que d'abandonner notre foi. Et, si Sa Majesté nous permet cette liberté, nous promettons de vaquer à son service, car ce n'est pas que nous ayons pris les armes pour acquérir un royaume ou quelques richesses, mais c'est notre conscience et notre propre salut qui nous y a portés à faire cette défense contre ceux qui nous ont voulu détourner de la vérité. Il est vrai qu'on a fait entendre à notre Roy que nous étions des rebelles et des meurtriers, mais plusieurs mauvaises choses ont été faites disant que c'étaient les rebelles qui faisaient ce désordre, qu'il était commandé par Cavalier.
Je prie la Grandeur de votre personne de vouloir jeter les yeux sur la désolation du pays et donner. vos ordres pour le repos du monde et la prospérité du royaume, car tout royaume divisé ne peut subsister, ainsi le royaume ne peut subsister si la paix n'y est, et suis d'un grand attachement. Monseigneur, votre très affectionné serviteur.
J. Cavalier
Je vous prie d'avoir la bonté de me donner votre parole.
Plaque commémorative de la rencontre entre Cavalier et le lieutenant général La Lande représentant le maréchal Villars, le 12 mai 1704 sur le pont d'Avenes (près d'Alès)
Rencontre de Jean Cavalier avec le maréchal de Villars, le 16 mai, dans le jardin des Récollet à Nîmes.
- Mai
VILLARS fait engager les pourparlers de paix par Lalande, lieutenant général commandant à Alès. Une entrevue entre Lalande et Cavalier a lieu le 12 mai, au pont d'Avêne près d'Alès. Face à l'officier du roi, Cavalier rabat nettement de ses exigences : il signe une lettre demandant pardon et amnistie, puis la permission de sortir du royaume avec quatre cents hommes et la libération des prisonniers. Le lendemain, un autre intermédiaire intervient, le baron d'Aigaliers, nouveau converti zélé pour la paix, qui obtient de Cavalier une lettre de demande de grâce sans condition. En attendant la réponse officielle, les armes se taisent.
Le 16 mai, CAVALIER est reçu à Nîmes comme un chef de guerre par le maréchal de VILLARS en personne. Piégé par cet honneur, il réitère humblement sa demande de sortir du royaume et signe une requête au roi demandant l'amnistie générale. En attendant la réponse de la Cour, CAVALIER peut se retirer avec sa troupe à Calvisson. Pendant dix jours (20-29 mai), Calvisson est le théâtre de grandes assemblées publiques, des prêches multipliés, laissant libre cours aux inspirations et aux chants de psaumes, de jour et de nuit, sans que les soldats royaux ne bronchent : aux camisards se sont joints, en foule, les N. C. des villages voisins, persuadés que le roi va accorder à tous ses sujets la liberté de conscience, sinon de culte.
CAVALIER s'avise alors d'informer ROLAND de cette nouvelle situation. Or, ROLAND n'était nullement dans l'état d'esprit de CAVALIER : dans les Hautes-Cévennes, au plan de Fontmort, il venait d'infliger des pertes sérieuses aux ennemis (13 mai). La rencontre des chefs, le 24 mai à Thoiras (près d'Anduze), est orageuse. ROLAND refuse de traiter aux conditions de Cavalier et fait adresser une missive à VILLARS, réclamant en échange du désarmement des camisards le rétablissement de l'édit de Nantes. Le 27 mai, l'amnistie royale est accordée, avec permission pour CAVALIER et ses hommes de quitter le royaume.
Chez les camisards encore à Calvisson, la nouvelle des conditions de l'amnistie acceptées par CAVALIER provoque la colère (28 mai). D'autant que venait de parvenir à ROLAND un message des Alliés, inquiets de la reddition de CAVALIER, annonçant à nouveau l'envoi de secours aux Cévenols.
- Juin
Ni les députations suppliantes de N.C. des villes de Saint-Hippolyte, Saint-Jean, Anduze, Alès, ni les menaces de nouvelles rigueurs venant de VILLARS ne font fléchir ROLAND et RAVANEL. Le 8 juin, Villars suspend la trêve.
Le 23 juin, CAVALIER quitte la province, avec une centaine d'hommes, fidèles de sa troupe et prisonniers libérés, se dirigeant vers Neuf-Brisach selon l'ordre reçu (le 26 août, CAVALIER leur fera tourner bride vers la Suisse et les armées alliées.
Le débarquement tant attendu des Alliés dans le golfe du Lion échoue : montée par le marquis de GUISCARD, l'expédition des « tartanes » tourne au fiasco, victime de la tempête et de la légèreté du marquis.
- Juillet
Ignorant encore cet échec, ROLAND rencontre Tobie ROCAYROL , agent secret des Alliés, qui l'encourage à la résistance armée, avec consigne de cesser les violences anti-catholiques (16-19 juillet). Le baron d'AIGALIER se déplace à Durfort pour rencontrer ROLAND, mais échoue à le convaincre d’accepter l'amnistie et la permission d’émigrer (29-30 juillet).
- Août
VILLARS et BÅVILLE font déplacer les populations des lieux suspects dans les diocèses d'Uzès et d'Alès. ROLAND est abattu sur dénonciation, au château de Castelnau-Valence (13 août). Sa mort accélère la démoralisation des troupes subsistantes.
- Septembre
La troupe amaigrie menée par RAVANEL, pressée par les dragons, se débande dans les bois de Saint-Bénézet (14 septembre).
- Octobre
Les chefs camisards des Hautes-Cévennes se rendent l'un après l'autre: CASTANET (11 septembre), puis JOUANY et Salomon COUDERC (1er octobre), puis LA ROSE et MARION, ce dernier également au nom de MAZEL malade (8 octobre). La plupart obtiennent de quitter la France et se rendent en Suisse. Mais ces redditions individuelles ne permettent pas aux camisards d'être en position de force pour négocier.
- Décembre
Les chefs camisards étant presque tous morts ou neutralisés, la guerre des camisards semble bel et bien terminée. Le maréchal de VILLARS peut quitter son poste, mission accomplie : dorénavant, dit-il, les « dernières racines de la révolte » ayant été coupées, « la province est la plus tranquille du royaume ». Cependant, jusqu'en 1710 des tentatives de reprise de l'insurrection le démentent.
Au début de l'année 1705, il ne reste dans les Cévennes que deux chefs camisards qui ne se sont pas rendus : RAVANEL et CLARIS. Mais d’autres qui s'étaient rendus sont encore ou à nouveau dans les parages. MAZEL continue des assemblées, mais est arrêté fin janvier. Dès la fin de 1704, CATINAT repasse de Suisse dans le Midi, puis LA VALETTE, MARION, CASTANET. Pourchassés comme séditieux, quelques poignées de camisards restent « fugitifs ». Ils sont tenus à l'errance et à l'inactivité par la traque incessante des soldats royaux. Les ordonnances réitérées, menaçant de faire arrêter les N. C. qui aideraient les rebelles, et de piller et brûler leurs maisons, se qui privent les camisards du soutien de la population.
Au long des deux années 1705 et 1706, l'un après l'autre, les camisards rentrés dans les Cévennes se font arrêter et exécuter. Ainsi Jean JALAGUIER, pendu à Uzès (février 1705) et CASTANER, rompu vif à Montpellier (mars 1705). Plusieurs sont impliqués dans le complot de la « ligue des Enfants de Dieu », en avril 1705. Le plan monté depuis Genève par VILAS, fils d'un médecin de Saint-Hippolyte, avec RAVANEL et CATINAT, en lien avec des N. C. de Nîmes et de Montpellier, consistait a capturer BÅVILLE et le duc de BERWICK, le remplaçant de Villars, puis à s'emparer du port de Sète et soulever la province : crimes de lèse-majesté, même sans commencement d'exécution. Parmi la centaine de personnes arrêtées, trente sont condamnées à mort, dont VILAS, roué vif, RAVANEL et CATINAT, brûlés (avril 1705). Un an plus tard, c'est au tour de Salomon COUDERC, brûlé vif (mars), de Fidel ABRIC, abattu (mai), du prophète Moïse NICOLAS et de Jacques COUDERC dit LA FLEURETTE, roués vifs à Montpellier (l'un en juin, l'autre en décembre 1706).
Au Refuge, les anciens camisards tentent de servir encore la cause camisarde, mais connaissent des déboires.
Dès 1706, CAVALIER, au service des Alliés, commande un régiment composé en partie de camisards et de réfugiés, destiné à pénétrer en Languedoc par la Catalogne. En avril 1707, à la bataille d'Almanza, en Espagne, son régiment est anéanti et lui-même est grièvement blessé. Réfugié en Angleterre, il prend ses distances avec les autres camisards réfugiés à Londres.
Sources
- Mémoires du colonel Cavalier sur la guerre des camisards. Édition du manuscrit original de La Haye. Réimpression de février 2011 sur les presses de Présence Graphique à Monts (Indre et Loire).
- Comprendre la révolte des Camisards Marianne Carbonnier-Burkard (Éditions Ouest-France, 2008)
- La révolte des camisards, Paul Astruc (Presses du Languedoc/Loubatières)