Association pour la protection et la mise en valeur de Calvisson et de la Vaunage
18 Mai 2022
Passé dans le vocabulaire français, le mot « fada » vient du provençal fado, « fée » et du verbe fada « charmer, jeter un sort ». Quant aux multiples sens du terme, nous les trouveront dans cette page des souvenirs variés que le Marseillais Cauvière publia, sous le titre : La Caducée, à partir de 1878.
Les fadas sont, dans la catégorie des cerveaux mal équilibrés, une variété particulière du Midi. Dans nos contrées, on est si naturellement intelligent que l'insuffisance d'esprit et de raison n'atteint jamais la limite extrême.
Le fada est plus que simple, mais moins qu'idiot et encore moins insensé. Il est susceptible de sentiments affectueux à la manière des chiens ; les idées générales lui échappent, il a très peu de facultés perceptives ou réflectives ; en lui, les cellules occipitales ne sont pas toutes habitées; quant à ses appétits, autres que ceux de l'estomac, ils sont, parfois, très prononcés.
Le fada n'est pas étranger aux idées usuelles et pratique la vie dans ce qu'elle a de matériellement obligatoire, mais il y a comme un nuage sur son intelligence et son raisonnement ; une baguette féerique semble avoir oblitéré, endormi ses facultés morales ; de là, sans doute, l'appellation de fada dériva de fado, nom provençal des fées ou génies qui paralysent à volonté l'esprit et troublent l'action humaine.
Le fada peut lier quelques idées, mais n'arrive pas à nouer un raisonnement ; il n'a ni malice ni méchanceté, il est naturellement doux et pacifique, c'est une eau dormante ; seulement il ne faut pas lancer de pierres dans cette eau, car alors elle bouillonne ; appelez fada l'être inoffensif qui mérite cette désignation, vous le verrez se lever furieux et frapper à poings fermés sur le malavisé qui l'aura qualifié de son vrai nom.
Source : Cauvière, Le Caducée, 1886
Relecture : LCL