Association pour la protection et la mise en valeur de Calvisson et de la Vaunage
1 Juin 2022
Écrivain et lexicographe français provençal, né le 8 septembre 1830 à Maillane (Bouches-du-Rhône), où il est décédé le 25 mars 1914, et inhumé.
Membre fondateur du 👉 Félibrige, membre de l'Académie de Marseille, maître ès-jeux de l'Académie des jeux floraux de Toulouse, chevalier de la Légion d'honneur en 1863 et, en 1904, prix Nobel de littérature pour son œuvre Mirèio, encore enseignée de nos jours. Il s'agit d'un des rares prix Nobel de littérature dans une langue non reconnue officiellement par l'État auquel il appartient administrativement parlant.
L'écrivain de « langue d'oc », appellation alors utilisée au XIXe siècle, est une figure de la langue et littérature provençales et bien des hommages lui sont rendus en Provence et dans tous les territoires de langue occitane, ce jusqu'en Catalogne.
Frédéric MISTRAL est un fils de ménagers aisés ? (François Mistral et Adélaïde Poulinet, par lesquels il est apparenté aux plus anciennes familles de Provence : Cruvelier, Expilly, de Roux, d'Aurel, elles-mêmes étroitement liées entre elles).
Mistral porte le prénom de Frédéric en mémoire « d'un pauvre petit gars qui, au temps où mon père et ma mère se parlaient, avait fait gentiment leurs commissions d'amour, et qui, peu de temps après, était mort d'une insolation ». Il raconte cette anecdote dans Mémoires et récits de Frédéric Mistral,
Paris, Plon-Nourrit, vers 1920. Memòri e raconte, Éd. Aubanel pour la première édition, éd. Marcel Petit pour la dernière.
Frédéric MISTRAL demeura dans trois résidences successives à Maillane, le mas du Juge, la maison du Lézard et celle qui est connue sous le nom de Museon Frederi-Mistral. Le mas du Juge, un domaine de 25 hectares, situé entre Maillane et Saint-Rémy, devient propriété de la famille Mistral en 1803. Après la mort de son père Antoine, en 1827, François Mistral en hérite. Le père du futur poète était alors veuf de Louise Laville. De ce mariage était né Louis, demi-frère de Frédéric.
MISTRAL va, dès l'âge de sept ans, à l'école de Maillane. Il y pratique fou pfantié (école buissonnière), comme il le narre dans ses Memòri e raconte, où au chapitre IV, il part cueillir des fleurs de giài (iris d'eau) pour sa mère. Puis, en 1839, il est inscrit au pensionnat de Saint-Michel-de-Frigolet. Il n'y reste que deux ans, cet établissement ayant fermé, puis est placé au pensionnat Millet d'Avignon. En 1845, il est logé au pensionnat Dupuy et fait connaissance de Joseph Roumanille avec lequel il fondera plus tard « Le Félibrige ».
Durant cette période, il suit ses études au Collège royal d'Avignon, dans l'actuelle rue Frédéric-Mistral, puis passe, en 1847, son baccalauréat à Nîmes. Reçu bachelier, il est enthousiasmé par la révolution de 1848 et se prend d'admiration pour Lamartine. Au cours de cette année, il écrit Li Meissoun (Les Moissons), poème géorgique en quatre chants, qui reste inédit.
Sa famille le voyant bien devenir avocat, il étudie le droit à l'université d'Aix-Marseille de 1848 à 1851, d’où il sort avec sa licence en droit.
Il se fait alors le chantre de l'indépendance de la Provence, et surtout du provençal, « première langue littéraire de l'Europe civilisée ». Au cours de ses études de droit, il apprend l'histoire de la Provence, jadis État indépendant. Émancipé par son père, il prend alors la résolution de relever, de raviver en Provence le sentiment de race ; d'émouvoir cette renaissance par la restauration de la langue naturelle et historique du pays ; de rendre la vogue au provençal par le souffle et la flamme de la divine poésie. MISTRAL va également proposer un découpage des différents dialectes occitans.
La maison du Lézard en 1914. Frédéric et sa mère furent contraints de quitter le mas du Juge, en 1855, après la mort de François MISTRAL. Ce mas aurait du revenir à Louis, le fils aîné. Ils durent s'installer dans une petite maison familiale, au sud du village, qui leur avait été attribuée dans le partage d'hoirie. Frédéric lui donna, en 1903, le nom de maison du Lézard après avoir fait installer un cadran solaire orné de ce petit reptile. C'est là qu'il termina Mirèio, commencé au mas du Juge, et qu'il écrivit Calondau.
Mistral reçoit le prix Nobel de littérature en 1904, conjointement à José Echegaray. Il consacrera le montant de ce prix à la création du Museon Arlaten à Arles. Frédéric Mistral y habita jusqu'en 1875, année où il put emménager dans la maison qu'il avait fait construire à Maillane, juste devant la maison du Lézard. Un an plus tard, le 27 septembre 1876, il épousait à Dijon, Marie Louise Aimée RIVIÈRE. Ce fut ici qu'ils vécurent. La maison devint, après la mort du poète, le 25 mars 1914 et celle de sa veuve, le 6 février 1943, le Museon Frederi Mistral.
Dans son testament du 7 septembre 1907, MISTRAL avait légué à sa commune de Maillane sa maison « avec les terrains, jardin, grille, murs, remise et constructions qui l'entourent ou en dépendent. .. avec les objets d'art, les tableaux, les gravures, les livres et la bibliothèque qu'elle contient, afin qu'on en fasse le musée et la bibliothèque de Maillane, et aussi les meubles qui sont dans la maison à condition qu'ils n'en soient pas enlevés ». Il spécifiait en outre que la commune n'entrerait en possession qu'après la mort de son épouse.
Frédéric MISTRAL étant décédé sans enfants de son union avec Marie-Louise Rivière, ses neveux et nièces (enfants de ses frère et sœur aînés, Marie et Louis, nés du premier mariage de son père) demeureront sa seule famille vivante avec son épouse. Toutefois MISTRAL eut, d'une jeune servante de son père, Athénaïs FERRÉOL, un fils naturel baptisé Marius Antoine Coriolan FERRÉOL, né à Maillane en 1859. L'écrivain ne reconnut jamais ce fils, mais s'occupa de son éducation. Marius FERRÉOL fut directeur général des écoles d'Aix et offre à Mistral sa seule descendance connue, dans laquelle figure entre autres son arrière-arrière-petite-fille, la comédienne Andréa FERRÉOL
Le Museon est classé monument historique depuis le 10 novembre 1930, son mobilier depuis le 10 février 1931, ce qui a permis à cette demeure de conserver l'aspect qu'elle avait du vivant de Frédéric Mistral,
En 1859, Frédéric MISTRAL, monté à Paris pour y présenter sa première œuvre « Mireïo, rencontre Alphonse Daudet. Ils deviendront amis et changeront de nombreuses visites, soit chez Daudet dans son domaine de Champrosay ou chez Mistal à Maillane.
Frédéric MISTRAL assistera au mariage d’Alphonse DAUDET.
Lettre d'Alphonse Daudet à Frédéric Mistral
Comment va-tu mon Mistral ? Es-tu heureux ? Que fais-tu ? Un mot, s’il te plaît.
Moi, je suis père; c’est étonnant ! J’ai fait matelasser toutes les portes de mon cabinet pour ne pas entendre le baby; mais bah! Je l’entends tout de même, et ses petits cris me mordent les entrailles délicieusement.
La pauvre mère se lève depuis hier un peu. Elle a passé deux mois 1/2 au lit, et des souffrances !... Les derniers jours, pour se distraire et gagner un peu d’argent, c’est cher, un bébé, une nourrice, une garde ! Elle s’est mise à écrire des nouvelles. C’était la première fois qu’elle écrivait en prose, et il se trouve qu’elle a tout simplement un talent adorable.
Le Moniteur a publié hier une fantaisie intitulée « Les Étrennes de la Morte », signée M… M…: c’est ma femme. L’Éclair en a publié une autre, signée J… C’est encore ma femme ! Bien entendu c’est un secret. Aux journaux, on n’en sait rien; on a trouvé cela très joli, et on en a commandé d’autres. Ma pauvre chérie est dans le ravissement. Penses ! Elle a gagné en huit jours, étant au lit, 50 francs. Le mois de la nourrice.
Avec cela, le contraire d’un bas-bleu, simple, timide, farouche, et mourant d’amour pour le petit enfant ( Il faut tout dire : Marie-Léon ressemble fort à son père). Moi aussi je l’aime beaucoup, je les aime beaucoup, ma femme et mon petit !
Au fait, tout ça n’est rien. Parles-moi de toi. Tu as vu notre Mathieu ? Comment va Théodore ?
As-tu lu les journaux parlant du « frère aîné » ?
Écris-moi, Je t’en prie, e subretout parlo me de Mistral.
Relecture Lysiane Christian Letellier
Sources :
• Histoire pour tous - Biographies
• Encyclopédie Universalis
• « Alphonse Daudet entre Gard et Essonne » revue Hors série éditée par GRHL/APROMICAV