Association pour la protection et la mise en valeur de Calvisson et de la Vaunage

APROMICAV CALVISSON

JEAN-PAUL RABAUT SAINT-ÉTIENNE

Humaniste, défenseur de la liberté religieuse,

Jean-Paul RABAUT, dit Saint-Étienne,

lutte pour faire disparaître le régime d’exception

qui exclut les protestants de la société française

depuis la Révocation de l’Édit de Nantes (1685).

 

 

Mission pastorale (juillet 1765-1786)

Jean-Paul RABAUT SAINT-ÉTIENNE, fils du pasteur Paul RABAUT, est né à Nîmes le 14 novembre 1743 et mort guillotiné à Paris le 5 décembre 1793.

Il a passé toute son enfance dans l’atmosphère d’insécurité et d’angoisse qui entourait les familles de pasteurs du Désert.*

En raison de l’insécurité, le pasteur RABAUT envoie son fils à Lausanne en pension pour y poursuivre son éducation. Il y fait des études de théologie au séminaire protestant.

Il est consacré pasteur à Lausanne le 11 novembre 1764 et aussitôt appelé à Nîmes où il sera en poste, adjoint de son père.

* On appelle le Désert le temps de la clandestinité pour la religion réformée, entre l’édit de Fontainebleau (1685) et l’édit « de tolérance » de 1787. Ce terme fait référence à la traversée du désert par les Hébreux après la sortie de l’Égypte. Il s’agit en réalité de lieux isolés munis de guetteurs pour conjurer le risque d’arrestation et de condamnation.

L'émancipation des protestants (1786-1789)

RABAUT SAINT-ÉTIENNE se consacre à une tâche essentielle : améliorer le sort de ses coreligionnaires et, obtenir pour les protestants un statut légal. Projet soutenu par plusieurs personnalités autour du roi LOUIS XVI, qui rédigent des mémoires à cet effet.

À la fin de 1786, RABAUT SAINT-ÉTIENNE en rédige un lui-même et tente de faire pression pour que le mémoire adopté soit le plus libéral possible. Il s'efforce d'obtenir des droits juridiques pour les protestants français et, dans ce but, rencontre à Paris, le marquis de LA FAYETTE et le ministre de LOUIS XVI, MALSHERBES, qui est favorable à une évolution législative en faveur des protestants. En 1786, RABAUT SAINT-ÉTIENNE rédige un mémoire pour appuyer cette revendication. Cette entreprise est couronnée de succès et, le 7 novembre 1787, le roi LOUIS XVI promulgue à Versailles « l'édit de tolérance ».

 

L'Édit de tolérance signé par Louis XVI

L'Édit de tolérance signé par Louis XVI

Édit de Versailles: cet édit permet de recouvrer un état-civil sans devoir se convertir au catholicisme. Tout en regrettant les limites, RABAUT SAINT-ÉTIENNE souligne que « la reconnaissance n'exclut point l'espérance, elle l'autorise »

Le révolutionnaire

RABAUT SAINT-ÉTIENNE a été membre de l’Assemblée Nationale et de la Convention.

Le 27 mars 1789, il est élu député du Tiers-État aux États Généraux, pour la sénéchaussée de Beaucaire ; il siège parmi les réformateurs constitutionnels. Pour lui, l’Assemblée Nationale doit rester fidèle à ses principes constitutifs : égalité et liberté, tout en maintenant le principe de royauté.

Il est très actif dans les débats portant sur la Déclaration des droits de l’homme (août 1789). Il rappelle ainsi que « la liberté de la pensée et des opinions » est « un droit inaliénable et imprescriptible », et que « les droits de tous les Français sont les mêmes ». Ainsi, Messieurs, les Protestants font tout pour la patrie ; et la Patrie les traite avec ingratitude : ils la servent en citoyens ; ils en sont traités en proscrits, ils la servent en hommes que vous avez rendu libres ; ils en sont traités en esclaves. Mais il existe enfin une Nation Française, et c’est à elle que j’en appelle, en faveur de deux millions de Citoyens utiles, qui réclament aujourd’hui leur droit de Français. Je ne lui fais pas l’injustice de penser qu’elle puisse prononcer le mot d’intolérance ; il est banni de notre langue , où il n’y subsistera que comme un de ces mots barbares et surannés dont on ne se sert plus, parce que l’idée qu’il représente est anéantie. Mais, Messieurs, ce n’est pas même la Tolérance que je réclame, c’est la liberté ». (Célèbre discours prononcé par Rabaut Saint-Étienne le 23 août 1789 à la tribune de l’Assemblée Nationale)

Il est élu président de l’Assemblée constituante du 15 au 18 mars 1790 et participe à l’élaboration de la constitution de 1791. Il propose plusieurs décrets relatifs à l’organisation de la garde nationale et de la gendarmerie nationale.

Les protestants sont ainsi réintégrés dans la communauté nationale à la faveur de la Révolution française. La liberté de conscience leur est accordée par la déclaration des droits de l’homme, l’accès à tous les emplois civils et militaires le sera par le texte constitutionnel du 24 décembre 1789, et la liberté du culte, par celui du 3 septembre 1791.

 

Extrait du tableau du Serment du Jeu de Paume de David, représentant dom Gerle, l'abbé Grégoire et le pasteur Jean-Paul Rabaut Saint-Étienne. Il allégorise la réconciliation des religieux lors de la Révolution française.

Extrait du tableau du Serment du Jeu de Paume de David, représentant dom Gerle, l'abbé Grégoire et le pasteur Jean-Paul Rabaut Saint-Étienne. Il allégorise la réconciliation des religieux lors de la Révolution française.

L’Assemblée constituante ayant décrété qu’aucun de ses membres ne pourrait faire partie de l’Assemblée législative, il se consacra à l’écriture et rédige un Précis de l’histoire de la Révolution.

Élu dernier député de l’Aube à la Convention nationale, où il siège sur les bancs des Girondins, il devient membre du Comité de l’agriculture. À la Convention, il dénonce la violation de la loi par la Commune de Paris et propose de déclarer le roi Louis XVI coupable et de renvoyer au peuple l’application de la peine. Lors du procès du roi, il vote pour la culpabilité, pour la ratification du jugement du peuple, pour la détention pendant la guerre et le bannissement à la paix et pour le sursis.

En 1792, il prononce un discours sur l'instruction et l'éducation dont cette citation a été extraite : « Il faut distinguer l’instruction publique de l’éducation nationale. L’instruction publique éclaire et exerce l’esprit, l’éducation nationale doit former le cœur; la première doit donner des lumières, et la seconde des vertus… ».

RABAUT SAINT-ÉTIENNE devient président de l’Assemblée nationale du 24 janvier au 7 février 1793. Il est élu, le 15 mars 1793, membre de la Commission des Six chargée de surveiller le tribunal extraordinaire. Il se prononça pour la mise en accusation de MARAT. Le 21 mai, il fut nommé à la Commission extraordinaire des Douze, instituée pour la recherche des complots et des conspirations qui menacent la représentation nationale et établit un rapport le 28 mai, justifiant l’arrestation d’Hébert.

Il est arrêté le 2 juin avec les Girondins, traduit devant le tribunal révolutionnaire et guillotiné le 15 frimaire an II (5 décembre 1793).

 

« Les coups de Rabot ». Caricature de RABAUT SAINT-ÉTIENNE

« Les coups de Rabot ». Caricature de RABAUT SAINT-ÉTIENNE

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