Association pour la protection et la mise en valeur de Calvisson et de la Vaunage
6 Juillet 2022
Le mot latin castellum (au pluriel castella), diminutif de castrum désigne dans l'antiquité romaine deux types de construction :
• le castellum militaire est un fortin, généralement intégré dans le système de fortification du limes*. Au Moyen Âge, c'est le château central du castrum, village plus ou moins fortifié sur une hauteur, notamment en Languedoc ;
• le castellum divisorium est un ouvrage (château d'eau) qui recevait l'eau en provenance de l'aqueduc romain et qui la répartissait entre les différentes conduites de distribution. La ville de Nîmes (Nemausus) conserve les vestiges de son castellum divisorium.
Le mot latin castellum est l'origine des mots français « castel », « chastel », puis « château ».
* Le limes (prononcé [li.mɛs]) est le nom donné par les historiens modernes aux systèmes de fortifications établis au long de certaines des frontières de l'Empire romain.
Le Castellum, est le point d'arrivée de l'aqueduc de Nîmes, c’est un vestige rarissime. Pour alimenter la cité en eau, on construit au milieu du Ier siècle après JC un aqueduc de 50 Km dont le Pont du Gard est un témoin prestigieux.
A partir de ce bassin circulaire de distribution d'eau, taillé dans le rocher (5.90m de diamètre, 1.40m de profondeur), des canalisations en plomb acheminaient l'eau vers les fontaines publiques et les différents quartiers de la cité. Cet apport supplémentaire en eau contribua à asseoir le prestige de Nîmes, à lui apporter confort et art de vivre à la romaine.
Bassin de réception de l'eau de l'aqueduc de Nîmes et bassin de réception et de distribution de cette eau
La construction du castellum et du Pont du Gard, datée du milieu du Ier siècle après J.-C., montre que la ville a continué à se développer, après la forte impulsion de l'époque d'Auguste.
En complétant les basses eaux de la source de la Fontaine, en période de sécheresse, il permettait d'assurer la sécurité de l'approvisionnement et facilitait l'évacuation des eaux usées de l'est de la ville.
On put ainsi édifier de nouveaux thermes entre le forum et la porte Auguste. Certains tronçons de l'aqueduc, abandonnés, furent réutilisés en caves, en citernes, voire en fosses d'aisances.
Le castellum était encore connu au 17ème siècle. Il fut semble-t-il remblayé lors de la construction de la citadelle, en 1688, et ne fut redécouvert qu'en 1844 par un particulier qui entreprit aussitôt de le mettre au jour.
Connu par les textes, ce type d'édifice n'avait jamais été observé encore en Europe. Il fut racheté par la ville et l'Etat et classé monument historique.
Les thermes se situaient à la place des jardins de la Fontaine aujourd'hui entre le castellum divisorium et le Forum
A l'origine l'ensemble, limité par un mur recouvert d'enduits peints représentait une scène aquatique, était inclus dans un édifice carré à colonnade couvert de tuiles. Les eaux en provenance de la source d'Eure, à Uzès, arrivaient obliquement dans le bassin par une ouverture presque carrée. Une vanne munie d'un cabestan permettait de régler le débit. Six trous carrés ménagés dans la dalle surplombant le canal permettaient à une grille d’arrêter d’éventuelles intrusions.
Des canalisations en plomb s'adaptaient aux dix orifices circulaires disposés en éventail, visibles actuellement sur le mur du bassin. Regroupées par paires, elles étaient amenées par cinq conduits maçonnés, couverts de dalles vers les différents quartiers de la ville. Le trop-plein partait vers le réseau d'égouts contribuant ainsi à l'assainissement de la ville.
On n'a pas trouvé de dispositif permettant de hiérarchiser la distribution de l'eau comme à Pompéi (d'abord les fontaines, puis les établissements publics enfin les particuliers). Par contre, on a retrouvé de nombreuses monnaies qui laissent supposer que l’édifice a pu jouer un rôle cultuel.
Jean Pierre Vinchon
Source : Site Internet de Nîmes
Relecture Lysiane et Christian LETELLIER