Association pour la protection et la mise en valeur de Calvisson et de la Vaunage
29 Décembre 2022
La renommée internationale de Jean-François PIGNON ayant titillé nos chastes oreilles nous avons souhaité le rencontrer.
Il nous a très gentiment reçus dans son joli mas sur pilotis, près de « l’Illette », route de Vergèze entouré de sa sympathique famille ce dont nous le remercions sincèrement.
Qui est Jean-François PIGNON ? Il est issu d’une famille modeste qui vient du Maine et Loire et s’installe dans une ferme de la Drôme, pour y élever des moutons. Il a alors quatre ans, est le troisième fils de la famille (ses deux frères aînés ont 34 mois et 17 mois de plus). Suivent une sœur et plus tard un frère.
C’est lui qui ressemble le plus à son père ce qui va faire naître une grande proximité. Les études classiques ne le passionnent vraiment pas, aussi s’oriente t-il vers des études agricoles où il obtient un BEP agriculture-élevage.
Un événement fondateur va advenir alors qu’il a 11 ans. Son père achète à peu de frais une jeune pouliche de 18 mois qu’ils nomment Gazelle. Elle est croisée Camargue-Barbe. Au Noël suivant son père lui en fait cadeau personnellement. « La plus belle chose qui me soit arrivée » dit-il.
Il faut préciser qu’avec ses frères ils n’avaient pas attendu Gazelle pour chevaucher. Dans leur jeune âge les moutons faisaient fort bien l’affaire. Ils s’étaient même vu offrir un bélier.
Lorsqu’elle a deux ans son père le juche sur l’animal pour la débourrer (il est plus jeune et donc plus léger que ses deux aînés). Il sera le seul à la monter.
Une mésaventure familiale survient : moutons et chèvres sont atteints d’un virus contagieux pour l’homme, la brucellose. Ses parents passent ce cap difficile notamment grâce au soutien d’un syndicat agricole. L’élevage de moutons et chèvres s’arrête. Ses parents se lancent dans l’élevage de poulets qu’ils vont améliorer au fil du temps. Son père deviendra plus tard enseignant dans une école agricole.
Son père acquiert quelques chevaux de plus (4/5) et de 14 à 19 ans il conduit des balades à cheval, pour les touristes en haute Ardèche (Mont Gerbier des Joncs), alors que son père reste dans la Drome. C’est dire la confiance qu'il lui était témoignait.
La complicité avec Gazelle se développe, il lui apprend à empêcher le passage des autres chevaux, pendant qu’il referme des clôtures traversées. Il s’amuse avec elle en liberté. «J’inventais une discipline sans m’en rendre compte. Un petit spectacle naissait.» Lors des réunions de famille il se produit avec succès. « Mais j’étais introverti, je préférais le monde animal aux humains ». Grâce à Gazelle il prend confiance en lui, si bien qu’il accepte de donner un petit spectacle pour une fête du cheval, dans un village proche de leur mas, dans la Drôme, à Bonlieu-sur-Roubion, devant 3 à 400 personnes. Il est félicité, la presse locale vient l’interroger. Aussi décide t-il de mieux préparer Gazelle. Il reçoit des propositions d’animations. Il fait de la voltige cosaque. Gazelle est utilisée aussi bien pour la voltige que pour le dressage en liberté.
A 22 ans, premier salon « Cheval Passion » à Avignon; numéro de dressage en liberté. Il est la révélation du salon, le numéro préféré du public, mis en avant par la presse qui titre : « Une nouvelle étoile est née ». « J’ai pris la grosse tête ». Il s’écarte de son frère Frédéric qui participait avec lui à certains exercices (voltige) et, qui souhaitait faire un numéro similaire avec son propre cheval.
L’organisateur du salon de Vérone (Italie) prend contact, « j’allais pouvoir en faire un métier ».
Frédéric monte son propre numéro avec son cheval et récupère l’association qu’ils avaient créée avec deux copains. Jean-François vit mal ce qui devient une rivalité, la situation empire. Cela va durer dix ans. Frédéric et son épouse avec Templado, fils de Gazelle, qui la surpasse en beauté, montent de nombreux spectacles « concurrents ».
Néanmoins, sa carrière explose, Avignon « cheval passion » sept fois, Leipzig, Essen, Stockholm (voir sur son site internet les nombreuses manifestations nationales et internationales auxquelles il a participé). En mai 2016 il participe au jubilé de la Reine d’Angleterre. Il est présent pour les 60 ans de règne du Sultan d’Oman et pour les 40 ans de l’Emir du Qatar au milieu de 500 chameaux.
Un événement va provoquer chez lui une révolution copernicienne. Durant l’été 2000, Gazelle a 21 ans, elle est très malade, 20 litres de pus dans l’utérus. Le vétérinaire n’est pas sûr de la sauver. Un copain qui s’était converti, suite à la guérison de son père atteint de la maladie de Parkinson, lui propose de prier pour elle. Jean-François, qui alors ne croit en rien, se dit que ça ne peut pas lui faire de mal. Le copain impose les mains sur la jument et prie à haute voix, demandant à Dieu de la guérir. Après deux jours la jument est guérie à la stupeur du vétérinaire qui ne parvient pas à donner d’explication. C’est un miracle dit Jean-François qui se trouve profondément déstabilisé par cet événement. Il devient croyant, lit la Bible. Alors qu’il était prétentieux, imbu de lui-même, il se rend compte du décalage qu’il a avec la vie. La rivalité avec son frère cesse, suite à sa conversion. Malgré la difficulté de la démarche, il va rencontrer Frédéric et apaisent leur relation qui redevient positive. « Ça m’a enlevé un poids incroyable. C’est une très belle expérience ». Il a rencontré depuis toutes les personnes avec qui il avait eu un différent pour se réconcilier. « A vouloir servir Dieu, ça me mettait dans une sérénité » et notamment avec les chevaux. La vie lui est devenue plus cool et sereine. « Depuis lors, chaque fois que j’ai un problème, un cheval boiteux par exemple, je prie en imposant les mains et le problème se résout. »
Filmographie : En 2006, il a joué dans le beau film de Valérie GUIGNABODET « Danse avec lui » aux côtés de Samy FREY et de Mathilde SEIGNER. Il a réalisé l’émouvant film « Gazelle » qui est sorti en DVD.
Un très beau livre : « Chemin en liberté » avec de superbes photos et le texte rédigé par son épouse.
Chevaux : Il emmène 13 chevaux lors de ses spectacles. 5 chevaux ont pris leur retraite, dont un fils de Gazelle qui a 32 ans (Gazelle est morte en 2004) vivent paisiblement à côté du mas familial.
Calvisson : Il souhaite développer les relations avec le village, pourquoi pas une conférence à la médiathèque ? Il s’est produit en spectacle à Vergèze, au Cailar mais pas encore à Calvisson. Il organise des stages à Calvisson, chez lui, mais également ailleurs en France et à l’international. Il est parrain d’une association de Vergèze dont son épouse est vice-présidente, « Pour le sourire d’Isaac », qui soutient les familles d’enfants atteints d’une tumeur cérébrale. L’avenir : Un projet itinérant en Europe associant un chœur ukrainien à son spectacle. Un autre gros projet en gestation : un spectacle itinérant dans les grandes villes en Chine, avec des chevaux préparés en France, qui demeureraient ensuite en Chine.
Entretien du 30 janvier 2017 avec Christian LETELLIER et Alain Avesque