Association pour la protection et la mise en valeur de Calvisson et de la Vaunage
13 Juin 2024
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Le village de Boissières, d’une superficie de 330 hectares, est implanté sur le rebord d’une colline couverte de buis qui lui a donné son nom : villa buxarias. Les habitants sont surnommés Li soupa san lun.
En effet, avant que le soleil ne disparaisse derrière la colline des trois moulins au-dessus de Calvisson, ses rayons illuminent le village et permettent ainsi aux habitants de prendre leur souper sans lumière. Ce n’est pas par économie de bouts de chandelle que nous vient ce surnom, car « vaù miel soupa san lun que san pan » (il vaut mieux souper sans lune que sans pain).
La période « gauloise ».
Plusieurs restes de l’époque protohistorique (Deuxième âge du Fer) datant des V, IV, III, IIèmes et Ier siècles avant notre ère ont été repérés au cours de prospections archéologiques, sans qu’il soit possible d’interpréter ces traces, ni de déterminer à quoi correspondent précisément ces vestiges : installations agricoles ? habitats de plaine?
La sépulture de Boissières
En 1875, une tombe à incinération fut découverte non loin du château de Boissières. Cette sépulture a livré de nombreuses offrandes accompagnant le défunt, essentiellement des vases en céramique mais aussi des objets en fer et en bronze : grappins, coutelas, paire de strigiles, couvercle de lanterne. Ces offrandes étaient contenues dans un coffre de pierre.
L’observation des types de céramique (œnochoés à pâte claire, plats, coupes et coupelles en « campanien C », etc.) permet de dater l’enfouissement dans les dernières années du Ier siècle avant notre ère, contemporain de la fin de l’occupation de l’oppidum voisin des Castels, à Nages.
Les progrès de la romanisation se marquent dans la culture matérielle (formes des vases en céramique), et aussi dans l’évolution des mœurs : ainsi la paire de strigiles évoque la pratique du sport et la fréquentation de thermes.
La période romaine
De fréquents témoins (tuiles, fragments de céramique, menus objets) de l’époque romaine (Ier – Vème siècles) ont été mis au jour au cours des prospections de surface. Il s’agit pour la plupart des restes de villa ou de petits établissements à vocation agricole. En outre, plusieurs fragments de pierres gravées portant des épitaphes proviennent de Boissières dont un cippe (stèle en pierre de forme carrée ou ronde) portant une inscription avec base et couronnement. Ce cippe portait l’épitaphe suivante : DISENIO FORTVNA TO • DISENI VS • PAPIANVS PATRONO • ET VALERIVS AVGVRIVS
L’entrée actuelle se fait par un haut portail surmonté d’une stèle portant la date 1022, utilisée en remploi. On accède à la demeure par la cour d’entrée, bordée de bâtiments de service.
L’édifice est une maison forte d’aspect féodal et d’apparence austère, sans cour interne. Les courtines (muraille qui relie deux tours) et les tours ont une épaisseur de 1,50 m et sont bâties en appareil calcaire isodome (toutes les pierres ont même hauteur et même longueur) régulier bloqué au mortier. Il reste des bases de mâchicoulis sur l’une des tours, ainsi que l’alignement des trous de boulins (pièce d’échafaudage en bois, horizontale, engagée dans la maçonnerie par une ouverture nommée trou de boulin) supportant les hourds. Les bases d’une bretèche défendant une porte d’entrée sont visibles sur la façade nord.
Détails d'architecture
Un hourd est un chemin en bois surplombant la muraille avec des ouvertures au sol, qui permettent de jeter des projectiles sur l’ennemi en contrebas.
Un mâchicoulis est une ouverture en pierre dans le sol du chemin de ronde qui permet de jeter des projectiles sur l’ennemi en contrebas. Une bretèche est une construction avancée dans un mur. Elle permet de lancer des projectiles.
La bretèche protège une porte. Les traces d’une deuxième bretèche sont visibles sur la façade sud, défendant l’actuelle porte d’entrée.
Les créneaux de la tour carrée sont du début du XXème siècle. Le corps de logis est composé d’un rez-de-chaussée où l’on accède par la façade nord et d’un étage, comportant des salons, salle à manger et chambres des maîtres des lieux. Le hall d’entrée voûté est l’ancienne Salle des Gardes. Sur l’une des portes l’on peut lire, gravé dans la pierre : « Fuy proces e quereles » (éviter querelles et procès). Cette phrase fait-elle allusion au très long procès que les villageois intentèrent à Nicolas de Calvière et qui les ruina ? Ils reprochaient au seigneur de Calvière de leur avoir volé leurs terres pour y construire son château.
Une porte donne accès à une grande salle voûtée d’ogives, où le seigneur rendait la justice. Une prestigieuse cheminée monumentale prend place au fond de la pièce, la hotte porte deux plaques de marbre ornées d’un Décalogue que fit graver Nicolas de Calvière. Les Tables de la Loi sont représentées en vieux français et e n abrégé. Parmi les quatorze pièces du château on doit mentionner la Chambre du Roi, où, selon la légende, aurait couché Saint Louis avant de s’embarquer pour les Croisades. Par le hall d’entrée, on descend à la fumerie d’opium, pièce constituée en 1905 par M. Audemard qui y déposa toute une collection d’objets chinois.
Une immense terrasse couvre le premier étage et permet d’accéder aux différentes tours et défenses des courtines. Les fenêtres des courtines sont postérieures à la construction du château. Les tours disposent de fenêtres d’aération, qui ne sont pas des meurtrières. La façade sud est munie de deux fenêtres à croisée ainsi qu’une porte de style Renaissance surmontée d’un fronton triangulaire coupé, dans lequel prend place le blason des Calvière, apposé par l’ancienne propriétaire.
Au nord de la façade du corps de logis se trouve une grande terrasse soutenue par un puissant mur. Tandis que des jardins en terrasse s’échelonnent vers l’est, on peut noter la présence d’une glacière transformée en tombeau et d’un moulin à vent dont la présence est antérieure au XVIIème siècle. Maurice Aliger mentionne la présence dans la salle basse du donjon d’un four à pain ainsi que de grandes cuves en calcaire coquillier destinées à conserver les grains et la farine.
Poème sur le château de Boissières
Le docteur Marignan composa un poème en langue régionale sur le château au début du XXème siècle :
Cultes
L'ancienne église d'origine romane, restaurée à la fin du XVIIe siècle, affectée au culte protestant sous le Concordat, fut démolie pour vétusté en 1966. De fait, Boissières ne possède ni temple ni église.
Le temple est détruit par ordre royal en 1685, à la suite de la révocation de l’Édit de Nantes. Le culte protestant a été aussi célébré dans 2 autres lieux du village.
L'histoire de l'ancien bâtiment s'étale sur presque dix siècles. En 1803, le nouveau bâtiment est affecté au culte protestant jusqu'en 1954, où il sera déclaré désaffecté, car en très mauvais état. Sa démolition fut décidée par le conseil municipal en 1966.
Sources :
- Site de la ville de Boissières - Histoire et patrimoine
- « Bienvenue en Vaunage » Document publié par l'Association des communes de la Vaunage.
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