Association pour la protection et la mise en valeur de Calvisson et de la Vaunage
9 Mars 2023
Source : Chemins de fer de la France - Détail de la carte publiée par la librairie Chaix (vers 1920)
Ligne longue de 93 km allant de Nîmes au Vigan, trait d'union entre le Languedoc et les Cévennes et conduisant de l'olivier au châtaignier en passant par la vigne.
Le changement est insensible et l'œil encore plein des garrigues et des champs d'oliviers ne pourra s'étonner de découvrir bientôt les premières barrières mauves qui marquent le commencement des terrains primaires ; le paysage devient de plus en plus aride, les sommets plus pelés pour se terminer, avec le prolongement de la ligne vers Tournemire, dans la désolation du Causse.
Et pourtant le paysage ne manque pas de grandeur. Après avoir traversé Caveirac, Langlade, Saint-Dionisy, Nages, Calvisson, Congéniès, pays de vignes et d'oliviers, laissé à gauche Junas et son château, la ligne va se transformer en tronc commun de Sommières à Quissac, liant son tracé à celui de la section Montpellier-Alès.
Ce tronc commun va longer la vallée du Vidourle desservant Salinelles, Lecques, Vic-le Fesq, Orthoux, puis Quissac. Après Quissac la ligne va desservir Sauve. Disons, en passant, que ce petit pays est détenteur d'une industrie artisanale unique en France : la fabrication des fourches-tridents à foin. Le micocoulier, servant de matière première, se trouve poussé avec des bifurcations de branches adéquates, qui soigneusement calibrées, ne demandent qu'écorchage, modelage et cuisson pour devenir des fourches légères et solides.
Encore quelques kilomètres et à St-Hippolyte-du-Fort, la ligne va se heurter aux Cévennes et se dirige dans le sens Est-Ouest jusqu'à Ganges où elle profite de la vallée du Rieutort pour s'infiltrer entre les hauteurs dépassant 500 m, atteindre Sumène et, par un souterrain, rejoindre la vallée de l'Hérault qu'elle empruntera jusqu'au Vigan, terminus théorique.
Nous disons théorique, car en réalité la ligne se poursuit jusqu'à Roquefort-Tournemire à travers le Causse du Larzac ; mais à la gare du Vigan s'arrête le trafic voyageur.
Entre Nîmes et le Vigan circulent, par jour, quatre autorails dans le sens Nîmes-Le Vigan et trois dans l'autre sens ; en outre un "marchandises-voyageurs" parcourt la ligne dans chaque sens. Au-delà du Vigan un "marchandise" dessert quotidiennement Avèze (importante fabrique de bas) et, trois fois par semaine, Sauclières.
Les autorails desservant la ligne assurant une moyenne de 500 km par jour avec régularité et confort, sauf les jours de grand froid, où l'on constate quelquefois une insuffisance de bon chauffage ; quant aux marchandises, la traction en est assurée à l'aide de machines à vapeur.
Le trafic marchandises de la ligne est insignifiant tout au long du tronc commun, de Sommières à Quissac. Entre Nîmes et Sommières il consiste essentiellement en transport de raisins et d'olives, le premier de ces éléments de trafic procurant un mouvement important de wagons durant la saison. La section Quissac-Le Vigan voit un gros trafic de petits colis provenant des nombreuses usines de bonneterie et de bas (Quissac, Sauve, S1. Hippolyte, Ganges, Le Vigan). A ce trafic s'ajoute celui du bois, des produits de tannerie et, naturellement, le trafic local d'approvisionnement.
Toute cette région avoisinant Le Vigan offre de nombreux sites peu connus: le cirque de Navacelle qui est certainement une des curiosités géologiques les plus extraordinaires que l'on puisse trouver en France, le paysage des causses garnis de moutons, ces vallées étroites et encaissées aux routes parfaitement entretenues, un air sain et vif, une cuisine en tout point excellente et dont l'abondance n'a d'égale que la modicité des prix.
Cette région pourrait devenir un centre important de tourisme offrant au départ de Nîmes ou de Montpellier et à peu de distance des excursions, à pied, à bicyclette ou en voiture, et même pour les fervents de la "varappe", des parois montagneuses dont certaines n'ont, quant à la verticalité, rien à envier aux murs des Alpes Dolomitiques. Grottes, cascades, sommets dépassant 1000m et même 1500 (Aigoual) attendent les touristes.
Prétextant un coût d'exploitation trop important pour un trafic qui lentement dé croit, la SNCF interrompt dès 1970 le transport des voyageurs. Tout trafic sera définitivement abandonné le 1er avril 1987 !
Nous nous sommes arrêté à Sommières car malheureusement au-delà de cette ville il ne subsiste aucun vestige de cette ligne.