LA TABLE DES OLIVADES

La récolte des olives se faisant en famille, les participants au repas des olivades sont forcément peu nombreux. Le repas se fait dans la salle du mas, contre la cheminée pour emmagasiner toute la chaleur perdue dans les olivettes. Jean Giono raconte que, lorsqu'il "olivait" avec les siens dans les collines de Manosque, les passants qui les croisaient, leur recommandaient de ne pas prendre mal. Comme s'ils y allaient pour ça ! Il est vrai qu'un coup de froid est vite attrapé en cette saison et que le feu dans la cheminée est plus qu'un décor auprès de cette table sur laquelle sera déposée une branche de l'arbre roi de la fête.

La branche d'olivier

L'olivier dont le bois servait à sculpter des représentations divines. L'olivier, planté par Athéna sur l'Acropole et dont on offrait des branches aux vainqueurs des Jeux. La colombe de Noé porte dans son bec une branche d'olivier pour signifier que Dieu a fait la paix avec son peuple. Arbre phare de la Méditerranée, il voisine avec le figuier dans le paradis islamique.

La branche déposée sur cette table, est semblable à celle qui a été bénie lors de la fête des Rameaux et qui, glissée derrière le crucifix protège la maison.

Son feuillage gris vert ne meurt pas l'hiver et cette branche nous dit qu'il y aura encore un printemps, puis un été, car la vie est toujours présente derrière la mort apparente de la nature.

L'huile

L'huile d'olive, il n'en existe pas d'autre pour la Provence. Même si on n'oublie pas l'huile de noix des montagnes qui est aussi excellente pour la santé et pour la gastronomie. Malgré cela, lorsqu'on parle d'huile et de cuisine provençale, c'est de l'huile d'olive qu'on parle. Le Larousse gastronomique la définit ainsi : " Huile par excellence, puisque selon l'étymologie, le mot huile vient du nom de l'olive". Quand je vous le disais ! Et en effet, ce mot d'origine méditerranéenne est issu de deux mots grecs signifiant olive et olivier et latinisés en oleum et oliva, qui ont donné le provençal oli.

Comme le vin, l'huile a maintenant ses appellations contrôlées. Dans chaque région elles ont des caractéristiques différentes : très fruitée et printanière dans le Gard, plus douce dans les Baronnies, épaisse à Mouriès, enfin, très jaune et au parfum subtil dans l'arrière-pays niçois.

L'huile est symbole de lumière et de pureté en même temps que de prospérité.

L'ail

Normalement il aurait dû être sur la table de l'été puisque c'est la période pendant laquelle on le récolte, et que les têtes cuites dans les braises du feu de la Saint-Jean et mangées ce jour-là préservent des maladies. En fait, l'ail est de toutes les saisons.

Ail et pain, dit-on, font lé repas du paysan. Une tranche de pain frottée d'ail est à la fois une gourmandise apéritive et un remède. Elle protège des rhumes et des grippes, elle revigore les forces défaillantes.

Il y a de nombreuses variétés d'ail, le rose de Lautrec, le Moulinin ou rose de Provence, le rouge d'Espagne ou Rocambole, le violet de Cadour, etc ...

Suspendre une tresse d'ail dans la maison c'est la protéger de tous les maléfices. L'ail préserve des vampires et du diable. Suspendu au cou des enfants il les empêche d'avoir des vers. Bref, il est indispensable à tout moment et partout, surtout, bien sûr, sur la table

La lumière

Pas de bougie aujourd'hui, une lampe, cette lampe qu'utilisaient les premiers chrétiens dans les catacombes, que l'on ne voit plus que dans les musées ou dans les mains d'un santon appelé justement "la vieille à la lampe". Cette lampe comprend un réservoir d'huile et une mèche, elle évoque à la fois nos racines grecques et romaines, les débuts du christianisme et le soleil, que nous appelons aussi, mais c'est plus joli dit en Provençal, la grande lampe (Iou grand calèn).

Source :

LA TABLE DES QUATRE SAISONS EN PROVENCE par Françoise DELESTY (Extraits)

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